Souvenirs d'un co-capitaine fatigué...

Elle avait profité d’un instant de solitude pour s’éclipser à la Baie…
Accoudée à la rambarde, elle fixait l’horizon, ses cheveux dansaient légèrement dans le vent…Il était grand temps qu’elle fasse un point sur tout ce qu’il lui était arrivé…les aventures, les rencontres…la piraterie, son poste de co-capitaine…
Elle se revoyait plus jeune, assoiffée de découvertes, agissant souvent seule…tout cela était si loin.
-« Comment était-ce avant ? »
Il y avait ce druide fou qui lui avait enseigné les voies de la discrétion, qui l’avait couverte d’attention…il leur arrivait de se cacher de la vue de tous et de tester ensemble toutes les façons de consommer les plantes. Il l’appelait « la p’tite blagueuse »…elle riait tout le temps et s’amusait à le taquiner. Avec du recul, fallait-il regretter de s’être attachée, de s’être oubliée ?
Ce fut son premier vrai tremblement, cette lettre… « Il n’est plus désormais »…
Elle avait hérité de toutes ses plantes et s’en était fait un lit qu’elle n’avait pas quitté pendant plusieurs jours.
Elle ne sait plus pourquoi elle s’était relevée.
Que lui restait-il à l’époque ? Pas grand-chose…
Elle avait son fidèle ami dont elle était la confidente, mais qu’elle ne voyait que très rarement, et cette fille, qui l’appelait soeurette et qui lui écrivait régulièrement…Ce sont peut être ces lettres qui l’ont sauvée. Elles avaient un parfum d’exotisme, parlaient de voyages, de découvertes…
Elle fit son sac et partit sans se retourner…
Voilà comment tout à débuté, cela faisait un moment qu’elle n’y avait plus pensé. Elle sentit son ventre se nouer.
-« Me faut un remontant. »
Elle sortit une petite gourde remplie de rhum, à l’odeur de l’alcool, elle se souvint…
Elle avait bu pour la première fois à Auberdine, elle s’était mise dans un coin, à l’écart et s’était enfilé une outre de bière qu’elle avait obtenu en échange de quelques plantes. Elle était à la fois honteuse et ravie. Elle trouvait que l’iode, l’air marin se mariait à merveille avec l’état dans lequel elle se trouvait. A l’époque, il ne lui fallait pas grand-chose…
Elle avait passé la nuit à observer les étoiles et à les supplier. Les mains serrées devant son visage elle implorait le ciel de la laisser devenir, de la laisser être, de l’aider à ne plus pleurer…
Elle sourit à l’idée qu’elle pu être si naïve dans le passé…Sa gourde étant vide elle demanda à un gobelin qui passait de lui ramener une bouteille, ce qu’il fit sans broncher.
Le ponton sur lequel elle était lui rappelait beaucoup de choses aussi…Avec Elly, elles en avaient vu des vertes et des pas mûres. Le bateau…la Dame de la Baie, l’équipage perdu…
Ce marin qui avait trouvé la mort dans le naufrage et qui avait laissé derrière lui une gamine...
Elle s’était occupée d’un animal sans trop de mal, sa petite fée, mais un enfant, ça avait l’air plus compliqué…Au final, elle ne s’en était pas trop mal sorti, Tacite était devenu une jeune femme débrouillarde, un peu garçon manqué, qui avait fini par rejoindre le nouvel équipage pour suivre la voie de son père. Nijmaâ l’avait laissée grandir dans la forêt d’Elwynn, subvenant à ses besoins et lui rendant visite dès qu’elle le pouvait.
Secrètement, c’était la chose dont elle était le plus fière.
Elle sentit bouger son sac. Sa petite créature venait de se réveiller. Elle l’attrapa et l’approcha de son visage.
-« Toujours là toi…. »
Elle sourit.
-« On ne peut pas en dire autant de tous… »
Elle en avait vu défiler des marins, soi-disant prêts à s’engager et qui avaient quitté le navire à la première tempête. Puis il y avait les autres, les vrais, ceux qui avaient tenu depuis le début, ceux qui étaient restés malgré les difficultés.
Elle avait appris à être capitaine sur le tas, si on peut dire…Il lui fallu improviser. Heureusement qu’Elly était à ses côtés, elle se serait faite bouffer sinon.
A présent, elle sentait une certaine lassitude l’envahir…
-« A toi aussi, la mer te manque petite flècheteuse… »

[HRP]

Super !!! Mais si ya des sous entendus foireux, ça va pas aller ma jolie !!!

P.S.: Espagne + Portugal !!!

[/HRP]

Ellyriana avait besoin de ravitaillement, la Porte des Ténèbres était à nouveau ouverte, laissant un passage vers un nouveau monde plein d'aventures et de découvertes. Pourtant elle aimait revenir à Baie-du-Butin.

C'était un peu là qu'elle était vraiment née et les alcools y étaient sans pareil, sans compter l'approvisionnement en herbes diverses, bref c'était chez elle.

Elle fumait sa dernière dose de feuillerêve et sa vision était quelque peu floue. Pourtant elle aperçu Nijmaâ, sa compagne de toujours, la seule personne avec qui elle pouvait rester des heures sans avoir envie de l'étrangler. Elle semblait perdue dans ses pensées.

La belle co-capitaine était accoudée à une rambarde branlante, elle caressait doucement la tête d'une des deux fées flècheteuses qu'elles avaient recueillies et élevées ensembles. Mais son regard semblait absorbé par la mer, cette étendue d'eau qu'elles avaient jadis parcourue grâce à la Dame de la Baie.

Nijmaâ avait toujours été la plus sentimentale des deux, mais elle avait souvent du mal à se confier, heureusement Ellyriana n'avait nul besoin de mots pour comprendre la personne la plus importante de sa vie. La Mer lui manquait tout simplement ...

Ellyriana vint se placer à droite de Nijmaâ et passa son bras gauche autour des épaules de son amie de toujours. Il n'était pas dans les habitudes d'Ellyriana de montrer une quelconque compassion pour les êtres qui l'entouraient, pourtant, avec Nijmaâ, c'était différent. Elle ressentait les souffrances de son amie comme si c'était les siennes.

Elle tendit sa pipe à Nijmaâ et sa main droite vint carresser la tête de la petite fée flècheteusse qui ronronna de bonheur, tout heureuse d'être la cible des attention de deux personnes en même temps.

Ellyriana fixa à son tour la mer, se remémorant le passé et les aventures vécues grâce à leur défunt navire. Il était sans doute temps de faire le deuil de cette troisième amie ...

Tout en continuant de fixer l'horizon elle murmura:
- Tu sais Nij ... Si naviguer te manque tant que ça, nous pourrions peut être chercher un sucesseur à la Dame de la Baie ? Je sais qu'aucun des navires que nous avons découvert ne m'a jamais plu, mais il est sans doute temps d'être moins difficile ... De plus l'Outreterre recelle peut être le bijou que nous cherchons ...

Ronchonnant après le tigre qui lui avait mit une baigne monumentale pendant sa traversée de la jungle, Ilusënn se tut en aprecevant ses capitaines. "Je ne les avais jamais vues ensemble, ces deux-là" sourit-elle.

Sans chercher à se mêler dans la conversation ou à simplement les écouter, elle passa son chemin et entra dans la taverne, face à la personne qu'elle redoutait toujours de croiser.

- Tu prends un verre, euh... Machin ? beugla Belore.
- Je ne suis pas d'humeur.

Essayant de ne pas se souvenir de sa "mission" et de l'impatience qu'elle avait jadis de l'assassiner, elle s'assit le plus loin possible du phénomène. Elle commanda un verre de lait que le gobelin fut ravi de lui apporter, mettant bien en valeur le fait qu'il en avait déniché spécialement pour elle. Le menton posé dans le creux de sa main, Ilusënn se perdit dans ses pensées, les questions à propos de l'air exténué de sa mentor fusaient dans son esprit.

Elle ne s'était pas aperçue de l'approche discrète de Belore, et n'eut pas le temps de réagir quand il lui versa le contenu de sa choppe sur le bras.

- QU'EST-CE QUE TU... ?!

Il lui attrapa la main et, ignorant les coups qui pleuvaient, scotcha une bandelette sur la blessure sanglante. Son sourire fendait son visage ingénu.

- Ca aurait pu s'infecter si t'avais laissé ça à l'air libre, surtout avec tous ces types crades autour !
- Oh...

Elle but une gorgée de lait et regarda ailleurs.

- Merci.

Il prit place à côté d'elle en ignorant les regards haineux des ivrognes qui l'entouraient et les "Qui est crade ?" qui résonnaient dans la taverne.

- Toi aussi, tu les as vues ?
- Hum... fit Ilusënn sans accorder un regard.
- Cela fait un petit moment que j'ai intégré l'équipage. Et je ne les avais jamais vues se parler. Elles doivent tramer quelque chose !
- ...
- Ah, soupira Belore en s'affalant sur la table. Tu sais... Je ne suis jamais monté dans un bateau.

Ilusënn arracha son regard du passionnant coin de table rongé pour le porter enfin au voleur.

- Pourquoi tu dis ça maintenant, et à moi ?
- Comme ça...
"Il y a longtemps, quand j'étais tout jeune mousse chez les Sabres, j'avais emmené Nijmaâ dans un endroit que je n'avais partagé avec personne avant. Un endroit où j'ai vécu cinq ans de ma courte vie. On était restés un moment là-bas, à consommer la feuillerêve qu'elle avait ramenée de la Baie. Je ne sais pas si c'en est la cause, mais elle a ensuite commencé à se rappeler à voix haute, et à me raconter les souvenirs qu'elle gardait de la Dame de la Baie, le navire que je n'ai jamais connu. Pour tout te dire, elle avait l'air en transe en parlant, et moi je l'écoutais juste. Ce n'est qu'à la fin de son histoire que j'avais remarqué que le soleil avait parcouru la moitié de son tour quotidien.

"Le moment où elle a arrêté de parler fut une de mes déceptions les plus remarquables, car du pont d'un magnifique bâtiment, cheveux flottants et embruns plein les narines, j'ai été téléporté assis dans l'herbe. J'ai rêvé plusieurs jours d'affilée de cette Dame, m'emportant loin de ce monde qui avait fait de moi un moins-que-rien, me nourrissant de visions incroyables de terres inexplorées.

"Je crois que j'en rêve encore... Pas durant mon sommeil, et pas du voilier, mais du Départ. D'un nouveau départ pour lequel je veux être au premier plan, sur le pont, aidant à charger les provisions en vue d'un long, très long voyage. Je veux y être pour montrer aux capitaines que la Voile Sanglante n'aura pas une deuxième chance, que leur force et leur patience nous a permis à tous de devenir assez robustes pour vaincre ces chiens, et tout autre obstacle. Et je veux surtout y être pour les voir sourire de leur réussite, de l'accomplissement de leur rêve, de la renaissance de la Dame."

Belore avala la dernière gorgée de sa bière qu'Ilusënn n'avait pas vu se vider durant le récit, et se leva d'un bond le poing en l'air.

- Bon ! Faut que je passe à Hurlevent voir si les enchères m'ont accordé l'authentique dent de trotteur que vendait Mordecaï, à plus tard !

Ilusënn le suivit du regard, soupira quand il s'étala dans l'escalier et se leva à son tour pour prendre l'air.

"Un voyage en bateau..."

Elle se retourna et vit les capitaines toujours plongées dans leur discussion. Une certaine forme d'impatience se fit une place dans son estomac, alors qu'elle ne put s'empêcher de sourire.

[ Ca va tu rattrapes ton message du forum du dessus espèce de boulet ]